Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que les enfants ça bougent et ça bougent BEAUCOUP !!!
Ce que je sais, pour l’avoir vécu, c’est que la difficulté première qu’on rencontre dans la photographie d’enfant, c’est la gestion du mouvement !
Lorsqu’on débute en photo, on comprend très rapidement que la vitesse d’obturation permet de gérer le mouvement du sujet.
Mais on a toujours du mal à choisir la bonne vitesse, celle qui nous permettra d’éviter la tant redoutée photo floue !!! 😅
Cette peur, de rater la photo nous pousse à prendre un maximum de précaution. Et cette précaution nous pousse tout naturellement à utiliser une vitesse d’obturation élevée (bien plus que nécessaire) pour être absolument certains de notre coup.
J’utilise volontairement le pronom personnel “nous” parce que je l’ai vécu au point d’en faire même une espèce de réflexe naturel. Un mauvais réflexe !!! 😞
En soit cette pratique est loin d’être absurde. Augmenter la vitesse permet effectivement de mieux figer le mouvement, mais s’arrêter à ce constat-là serait une erreur.
À chaque fois que vous faites le choix d’utiliser une vitesse trop élevée, vous impactez vos photos sur biens d’autres aspects qu’on va justement voir dans cet article.
Si vous ne connaissez pas encore ce qu’est l’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation, la sensibilité ISO ou encore le Triangle d’exposition, je vous invite à parcourir ces articles qui vous donneront toutes les clés pour comprendre ce qui va suivre :
- Mais aussi en complément :
1- Rendre service à votre exposition photo
La vitesse d’obturation est un des réglages majeurs qui agit sur l’exposition, mais elle n’est pas la seule. L’ouverture du diaphragme et la sensibilité ISO sont également très importantes.
Donc choisir d’utiliser une vitesse d’obturation élevée à chaque fois pour simplement être certains de ne pas avoir de flou de mouvement, c’est vous compliquer la vie pour exposer correctement vos photos.
Plus vous utilisez une vitesse d’obturation élevée (ex : 1/4000s), plus vous réduisez la quantité de lumière utilisée pour exposer vos photos.
Et pour compenser cette importante perte de lumière, il faudra nécessairement agir sur l’ouverture et/ou la sensibilité ISO. 🤔
Agir sur la sensibilité ISO !
Que ce soit vous ou votre appareil photo, il va falloir augmenter la sensibilité ISO pour récupérer de la lumière.
Et qui dit augmentation de la sensibilité ISO, dit risque de dégradation de la qualité d’image.
Malheureusement, si vous dépassez une certaine limite (ce qui arrivera), vous obtiendrez une bonne exposition, mais au détriment de la qualité d’image. Une dégradation qui prendra la forme de bruit numérique apparaissant sur l’ensemble de la photo.
Ce bruit sera de plus en plus présent et visible à mesure que vous augmenterez la sensibilité ISO.
Agir sur l’ouverture du diaphragme !
C’est aussi une solution viable, au même titre que la sensibilité ISO, mais il va également falloir faire face à un effet de bord.
En ouvrant encore plus le diaphragme, vous allez récupérer de la lumière, c’est certains, mais au détriment de la profondeur de champ. 🤨
Plus vous ouvrez le diaphragme, plus vous avez de lumière pour exposer votre photo, mais plus votre profondeur de champ est faible.
Ce qui vous demandera une très grande rigueur au moment de faire la mise au point sous peine d’obtenir, non plus une photo floue due au mouvement du sujet, mais due à un défaut de mise au point.
Et il est toujours très compliqué de faire une mise au point très précise (imposée par la faible profondeur de champ) tout en suivant les mouvements d’un sujet. 😥
Choisir intelligemment sa vitesse d’obturation !
Certains d’entre vous me diront qu’il est possible de jouer à la fois sur l’ouverture et la sensibilité ISO pour palier ce manque de lumière, et ce n’est pas faux.
Mais si la vitesse que vous sélectionnez est beaucoup trop élevée, vous serez obligé de flirter avec la limite d’un des deux réglages voir les deux.
Faire le choix d’utiliser, sans réfléchir, une vitesse d’obturation bien plus élevée que nécessaire ne vous rendra absolument pas service, bien au contraire !
Alors oui, si vous faites une photo en plein soleil, la lumière est tellement intense et forte que l’impact sera minime.
Mais par temps couvert, en fin de journée ou même en intérieur, vous allez rencontrer des problèmes insolubles pour réussir vos photos d’enfant et de famille.
Dans la plupart des cas, vous ou votre appareil réussirez à trouver une bonne exposition, mais au détriment de la qualité d’image et/ou d’une profondeur de champ beaucoup trop faible pour ne pas éviter un flou de mise au point.
Il est important de choisir une vitesse d’obturation qui répondra au plus juste à l’ampleur et la rapidité des mouvements de votre sujet.
Et pour ça, il n’y pas vraiment de recette miracle. Il faut pratiquer et encore pratiquer pour réussir à analyser plus facilement les mouvements d’un sujet et ainsi faire le bon choix. 🤩
Pour vous donner quand même une petite indication. Si vous souhaitez figer le mouvement d’un enfant à vélo, sur une balançoire ou en train de courir, il est préférable de ne pas descendre en dessous de 1/400s. Bien sûr, cette limite évoluera suivant la vitesse de déplacement de l’enfant, mais partez tout de même de cette base.
Un cas concret !
Cette jeune fille venait tout juste de piquer les tatanes de son père avant de partir en courant. J’ai pris cette photo au moment même où elle s’est retournée pour voir où était son père.
Mon idée, ici, était de vraiment figer son mouvement tout en ayant une profondeur de champ suffisante pour me garantir d’avoir son visage et surtout son regard bien net.
C’est pourquoi, j’ai choisi une vitesse d’obturation à 1/400s. Ce choix m’a permis d’utiliser une ouverture à f/4 pour obtenir une profondeur de champ confortable pour avoir son visage bien net. Et de garder une qualité d’image irréprochable en utilisant une sensibilité ISO à 400.
Si j’avais fait le choix extrême d’une vitesse à 1/4000s pour être certains de figer son mouvement, j’aurais été obligé de jongler entre plus grande ouverture et plus haute sensibilité ISO pour obtenir une bonne exposition.
Mais, j’aurais pris le risque de dégrader ma photo et de ne pas avoir le visage bien net, par manque de profondeur de champ.
Et faire ce choix m’aurait très certainement fait rater cette photo ! 😓
2- Jouer avec le mouvement
Pour le moment, je ne vous ai parlé que de l’impact sur l’exposition de vos photos.
Mais choisir la bonne vitesse d’obturation, c’est aussi et surtout jouer avec les mouvements de votre sujet.
Et croyez-moi, c’est une très bonne voie de créativité ! 😉
Le figer
Figer le mouvement du sujet…
C’est sans aucun doute le plus simple à comprendre puisque vous avez certainement déjà réussi à le faire.
Plus vous utiliserez une vitesse d’obturation élevée, plus vous réussirez facilement à figer le mouvement de votre sujet.
Mais pour toutes les raisons que je viens d’évoquer, il n’est pas judicieux de choisir systématiquement la plus élevée.
Il faut trouver le juste milieu entre être assez rapide pour figer le mouvement et garder de la marge pour toutes les autres composantes de la photo.
Sur cette photo, j’ai opté pour une vitesse à 1/320s pour réussir à bien figer le mouvement de la petite fille.
Ce choix m’a permis de garder une marge de sécurité suffisante notamment pour la profondeur de champ.
Je voulais absolument la détacher de l’arrière-plan pour la mettre en valeur tout en ne floutant que légèrement ses parents pour que l’expression de leurs visages ne soit pas trop estompée.
J’ai donc volontairement choisi de monter un peu la sensibilité ISO à 500 pour pouvoir utiliser une ouverture à f/4.
Le suggérer
Mais là où il est très intéressant de ne pas choisir la vitesse maximum à chaque fois, c’est d’essayer de suggérer le mouvement, de le marquer et le faire apparaître sur l’image !
C’est à dire, de ne pas chercher à figer tous les éléments d’une photo, mais de rendre flou certains éléments pour justement marquer le mouvement du sujet.
Une technique particulièrement créative et efficace dans la photographie d’enfant. 🤩
Un flou lié à la profondeur de champ permet d’apporter de la douceur à une photo, de mettre en valeur un élément, de guider le regard du spectateur…
Mais un flou suggéré par les mouvements d’un sujet permet de renforcer le contexte, d’apporter du dynamisme, de renforcer cette impression de vitesse…
Ne pas laisser de place à l’à peu près avec la vitesse d’obturation !
Pour toutes les raisons que j’ai cité dans cet article, il est important de maîtriser le choix de la vitesse d’obturation pour ne laisser aucune place à l’à peu près.
Savoir choisir la vitesse d’obturation qui répondra le mieux aux mouvements de votre sujet et au rendu que vous souhaitez obtenir, c’est maîtriser également les autres composantes qui impacteront vos photos.
Vous diminuerez considérablement les erreurs grossières d’exposition et de perte de qualité d’image.
Vous réussirez donc à faire de bien plus belles photos et ce dès la prise de vue.
Alors bien sûr, il va falloir s’entraîner, pratiquer, faire des essais, se tromper pour apprendre, mais est-ce si surprenant ?
C’est une étape primordiale dans la phase d’apprentissage de n’importe quelle discipline.
L’école nous a appris à fuir l’échec, à avoir peur de faire des erreurs. Et bien je trouve que l’échec est le meilleur apprentissage. Si vous faites des erreurs, si vous vous trompez, c’est au moins que vous pratiquez, que vous essayez de faire les choses, que vous sortez de votre zone de confort.
L’important n’est pas de rater des photos, mais de savoir pourquoi elles sont ratées et surtout comment rectifier vos choix pour les réussir !!!