Limiter le bruit numérique c’est contrôler, maîtriser la sensibilité ISO de votre appareil photo.
Qu’est-ce que la sensibilité ISO ?
C’est un acronyme pour International Standard Organization.
En quelques mots, elle permet de mesurer la sensibilité d’un élément à la lumière.
En l’occurrence le capteur de nos appareils photo.
Pour éviter de rentrer dans des détails trop techniques, cette sensibilité ISO permet de booster le signal arrivant sur votre capteur en le rendant plus ou moins sensible à la lumière amené par l’objectif.
Pour comprendre comment utiliser cette sensibilité ISO efficacement, vous pouvez lire mon article Comment passer au mode Manuel en 3 étapes.
Dans cette astuce du jour, je ne vais pas revenir sur la manière de l’utiliser mais plutôt sur la façon de la contrôler.
Impact sur nos images – Bruit Numérique
Même si tout est dit dans l’article que j’ai cité un peu plus haut, je voulais quand même prendre quelques lignes pour revenir sur l’impact de la sensibilité ISO sur nos images.
Et pour ça, je vous partage une photo et son Crop. N’hésitez pas cliquer sur les images pour les agrandir.
ISO 6400 – f/1.8. – 1/60s
Comme vous le voyez, il y a plein de petits points qu’on appelle grain où encore bruit numérique pour le terme plus technique. Ceci est dû à une sensibilité ISO trop élevée pour être gérée correctement par l’appareil photo.
Et oui, malheureusement, tout dépends du boitier que vous utilisez.
Pour rappel:
- Plus la sensibilité ISO est basse (ex: ISO 100), moins il y a de bruit numérique. Donc, moins l’image est dégradée.
- Plus la sensibilité ISO est haute (ex: ISO 3200), plus il y a de bruit numérique. Donc, plus l’image est dégradée.
Connaître les limites de son boitier
Tous les appareils photos ont une limite au-delà de laquelle il est préférable de ne pas aller pour éviter d’avoir des photos trop dégradées.
Malheureusement, il y a autant de cas qu’il y a d’appareils photo. Je vais peut-être en décevoir certains mais je ne pourrais pas vous dire que pour tel boitier il y a telle limite. Et vous ne trouverez l’information nulle part puisqu’elle est propre à chacun.
Votre appréciation, votre ressenti, votre sensibilité artistique vont également entrer en ligne de compte.
Certains photographes aiment avoir un peu de bruit numérique sur leurs photos parce qu’il donne un rendu et une ambiance différente aux images. D’autres ne jurent que par des images bien nettes, bien propres. Tout dépend de vos préférences, de ce que vous voulez créer avec vos images.
Donc, il n’y a pas de valeur toute faite, il va falloir mettre la main à la patte !!! 🙂
La bonne nouvelle c’est que vous aurez la satisfaction de connaître encore mieux votre matériel. 😉
1- La limite commerciale
C’est la limite maximum que vous pouvez configurer. Elle est indiquée sur la fiche produit ou dans votre notice. Elle permet principalement aux gens du marketing de faire un concours de celui qui a la plus grosse.
Oups, désolé je suis un peu vulgaire ! 😉
Pour vous donner un ordre d’idée, certains boîtiers haut de gamme ont une limite en sensibilité ISO de 52 000 voire plus. Et pour d’autres, plus moyen de gamme, cette limite est à 6400 ISO.
Oui, la différence est énorme mais cela ne veut pas dire que vous n’aurez pas de bruit numérique à 52 000 ISO. Bien au contraire. C’est vraiment le bout du bout, et même un appareil haut de gamme aura énormément de bruit si il se rapproche de cette limite-là.
Bon, pour être tout à fait franc, il y a quand même une raison à ce que le marketing s’excite un peu sur ce paramètre. 🙂
La seule information qu’il faut retirer de cette limite commerciale, c’est que plus elle est haute, meilleure est sa gestion du bruit numérique.
Donc, plus vous aurez de flexibilité sur le réglage de la sensibilité ISO notamment dans des conditions de lumière défavorable.
2- La limite acceptable
Maintenant, parlons de la limite acceptable.
Celle qui vous permettra de connaître la vraie limite à ne pas dépasser pour obtenir des images qui vous conviennent.
J’insiste bien sur le VOUS parce que tout dépends de votre matériel bien entendu mais aussi du rendu esthétique que vous recherchez.
Je vous signale au passage que certains photographes ajoutent volontairement du grain à leurs images en post-traitement parce qu’il sert la photo, l’émotion du moment.
Sachez également qu’une forte présence de bruit numérique passe beaucoup mieux en noir et blanc.
D’ailleurs, si le bruit numérique est léger, il est même possible qu’il soit imperceptible en noir et blanc.
Hop, une petite astuce cadeau !!! 😉
Comment trouver cette sensibilité ISO
C’est très simple, il faut faire des photos. 🙂
Mettez-vous dans des conditions de lumières un peu compliquées (en intérieur par exemple) et photographiez un sujet fixe (un objet par exemple).
Le sujet fixe vous permettra d’avoir plus de flexibilité sur votre vitesse d’obturation et votre ouverture.
Ensuite, prenez plusieurs photos avec une sensibilité ISO différente à chaque fois et analysez les résultats. Pour une analyse plus précise, évitez d’utiliser l’écran de votre appareil photo. Il est trop petit et trop inconfortable pour zoomer sur des zones bien spécifiques.
Transférez vos photos sur votre PC et analysez-les. Je vous conseille également de faire un zoom sur certains détails de l’image pour observer plus minutieusement le bruit numérique.
Prenez vraiment le temps pour faire cette analyse parce qu’une fois qu’elle sera faite vous n’aurez plus besoin d’y revenir. 😉
Normalement, si tout se passe bien, vous devriez avoir une idée un peu plus précise de la limite à ne pas dépasser pour garder une certaine qualité d’image.
N’hésitez pas à refaire cet exercice dans des conditions de lumières différentes et avec des sujets différents. La présence plus ou moins forte d’un bruit numérique est également due aux couleurs et aux contrastes du sujet photographié.
A ce stade, c’est déjà un grand pas de fait! 😉
Mais on peut essayer de repousser encore un peu plus cette limite.
Le Post-Traitement – Retouche photo
Si les boitiers ont évolués technologiquement, c’est également le cas des logiciels de retouche photo.
Des logiciels comme Lightroom, Photoshop ou encore DxO pour ne citer qu’eux, permettent de corriger très facilement ce bruit numérique. Comme nos boitiers, ils ont eux aussi leurs limites et si vous poussez trop la correction, vous allez obtenir un rendu vraiment pas beau du tout.
Le trophée revient à DxO (société française, Cocorico !!!) pour sa gestion du bruit numérique absolument incroyable.
L’utilisation d’un logiciel de retouche vous permettra, dans certains cas, de doubler la limite acceptable de la sensibilité ISO.
Et dans la plupart des cas, il vous permettra de l’augmenter significativement. Ce n’est vraiment pas négligeable vous pouvez me croire surtout si vous avez l’habitude de photographier en intérieur.
Vous allez gagner en flexibilité.
Donc, le deuxième exercice est de trouver cette sensibilité ISO maximum que vous pouvez utiliser et rattraper en post-traitement. Reprenez vos photos et appliquez-leur une correction du bruit numérique pour essayer de l’effacer au maximum sans aller dans les extrêmes. Sinon, vous allez bien sûr supprimer le bruit numérique mais vous allez également perdre énormément de détails dans l’image.
Faites l’essai pour vous en rendre compte ! 🙂
Pour vous montrer la puissance d’un logiciel de retouche, je vous mets la photo du début de l’article avec et sans la correction du bruit numérique. Je vous laisse cliquer sur les photos pour les agrandir.
Cette photo a été prise à 6400 ISO ce qui est la valeur maximum que le 550D peut accepter. C’est toujours un peu bruité même après retouche mais c’est tout de même beaucoup mieux que l’original.
Je voulais vous mettre en image les possibilités offertes par les logiciels de retouche photo même pour une photo très bruitée.
Acceptez de laisser un peu de bruit plutôt que d’aller dans les extrêmes au risque de perdre des détails. 😉
3- Deux choix s’offrent à vous
Oui, je sais, il faut encore faire des choix. Mais vous allez voir que ceux-là ne sont pas vraiment compliqués. 😉
Soit vous êtes en réglage manuelle de la sensibilité ISO et vous faites en sorte d’éviter le plus possible d’aller au-delà de cette limite. Et même si dans certaines situations vraiment très particulières vous devez absolument dépasser cette limite, vous aurez la satisfaction de savoir à l’avance l’impact que ce choix aura sur vos photos.
Il vaut toujours mieux une photo avec du bruit numérique qu’une photo totalement floue. 🙂
La grande différence est là. Vous connaissez votre appareil, vous anticipez les résultats pour prendre les meilleures décisions.
Et, vous pouvez me croire, ça fait un bien fou d’être dans la maîtrise. 🙂
Soit vous êtes en réglage automatique de la sensibilité ISO et là je vous fais un gros BOUHHH !!! 🙂
Plus sérieusement, votre appareil photo vous permet de fixer une limite ISO maximum à ne pas dépasser. Chez Canon (oui c’est la seule marque que j’utilise), vous trouverez l’option dans « Menu -> ISO Auto -> Valeur Maximum« .
Menu d’un Canon 550D limité à 6400ISO
Il vous suffit de sélectionner la limite ISO maximum que vous avez trouvé tout à l’heure après votre analyse minutieuse.
Enfin, je l’espère !!! 🙂
Ce réglage aura pour effet de donner l’ordre à l’appareil de régler comme il veut la sensibilité ISO tant qu’il ne dépasse pas cette limite.
Avertissement:
Gardez bien à l’esprit que si l’appareil a besoin d’utiliser une sensibilité ISO plus haute pour obtenir une bonne exposition, ce réglage l’empêchera de le faire. Ce qui veut dire qu’il va se rabattre sur l’un des autres paramètres dont il a la responsabilité.
L’ouverture du diaphragme si vous êtes en Priorité Ouverture.
La vitesse d’obturation si vous êtes en Priorité Vitesse.
Pour finir
Il est essentiel de retenir les choses suivantes:
- Plus la sensibilité ISO est basse, moins la photo sera dégradée
- Plus la sensibilité ISO est haute, plus la photo sera dégradée
- Définir la limite maximum acceptable qui vous convient
- Garder en tête cette valeur si vous êtes en manuelle
- Fixer une limite maximum que l’appareil ne doit pas dépasser si vous êtes en automatique
Surtout n’hésitez pas à échanger sur le sujet, à partager votre retour d’expérience en commentaire juste en dessous. Je serais ravi de vous lire. 😉
Et pour ceux n’ayant pas récupérer le “kit de voyage du Photographe Débutant” vous trouverez un formulaire en dessous de l’article et sur le côté pour en faire la demande. Il contient 14 fiches pour supprimer les 5 frustrations du Photographe Débutant.
Merci pour ce guide ! Quand j’ai commencé à traiter le RAW je focalisais totalement sur le bruit… Et en apprenant les possibilités de mon appareil (Olympus EM1) j’ai réglé la limite « acceptable » des ISO et coché la fonction réduction élevée du bruit. En post-traitement j’utilise Darktable et des profils de traitement du bruit en fonction de la sensibilité ISO du cliché. Et… je ne me prends plus la tête. Toutefois, une correction supplémentaire est souvent nécessaire lors des forts recadrages.
Bonne nouvelle année !
Et bien, c’est une très bonne démarche. Il est vraiment nécessaire de connaître son matériel et plus particulièrement ses limites. Et comme vous le dites très bien, c’est bien plus simple une fois ces limites connues. 😉